Les principaux vestiges d'habitat assignables à cette période ont été mis au jour dans une tranchée où l'étendue de l'espace fouillé permet d'avoir une bonne vision en plan des structures.
Plan des structures architecturales - [Passez votre souris sur le plan pour distinguer les différents éléments]
Il s'agit tout d'abord d'une grande maison de plan absidal (baptisée maison du Canal), dont les murs en clayonnage sont conservés sur près de 50 cm de haut.
Orientée à peu près Nord-Sud, elle mesurait plus de 15 m de long et plus de 4 m de large, avec une porte percée du côté du lac. Un mur de refend séparait la pièce principale de la petite pièce absidale.
La partie Nord de la grande pièce était tapissée, sur
au moins 4 m2, d'un lit d'écorce, qui était recouvert de terre argileuse. Le long du mur Est, la fouille a mis en évidence une couche de fins branchages qui ressemble à une litière. Ces deux aménagements sont sans doute des dispositifs d'isolation du sol, leur fragilité interdisant d'y voir des surfaces de circulation. En partie Sud, les éléments d'un plancher plus ancien
ont été identifiés. Une autre découverte notable est une aire de débitage du bois, jonchées de copeaux, qui est contemporaine de la maison du Canal.
À quelques mètres au Nord de la maison du Canal passait un chemin de rondins de 2 m de large, chemin de circulation menant apparemment vers le lac.

Vue stratigraphique des différents
horizons successifs de constructions
L'étude des vestiges d'architecture en bois de cette période, qui sont pour l'essentiel en chêne, a montré qu'ils appartiennent à dix horizons de construction successifs dont la durée totale, déterminée par la dendrochronologie, est de 210 ans. La durée moyenne de chaque horizon est donc d'une vingtaine d'années, soit une génération.
On a ainsi, pour la première fois dans les Balkans, une idée précise du rythme de renouvellement des constructions dans ce genre d'habitat.
L'étude préliminaire des structures architecturales en bois du site de Sovjan ouvre ainsi de nouvelles perspectives, tant sur le plan de la gestion des ressources forestières que sur celui des techniques architecturales dont on ignorait à peu près tout.
L'analyse dendrochronologique a permis l'établissement d'un étalon-référence de près de 4 siècles (399 années exactement). Il s'agit d'un étalon très marqué par des phénomènes anthropiques de grande ampleur, répartis sur l'ensemble de la séquence (ces phénomènes sont à mettre en étroite relation avec les défrichements), ainsi que
par un
phénomène climatique majeur,
correspondant à des conditions météorologiques (températures et précipitations) extrêmement favorables.
La chronologie relative indique une occupation continue d'au moins deux siècles. Des habitats antérieurs et postérieurs ont été mis en évidence, sans pour autant être clairement définis. La période d'occupation s'étendrait alors sur plus de 280 années. Tous les niveaux de plancher identifiés forment une séquence continue. Cependant, la durée de cette occupation ne justifiant pas à elle seule une telle accumulation de planchers successifs, ce phénomène doit avoir une autre cause (montée du niveau lacustre ?).

Maison à clayonnage contemporaine
dans les environs de Sovjan
Quoi qu'il en soit, l'insistance des habitants à refaire sans cesse les planchers de leurs maisons — plutôt que d'aller s'installer ailleurs — suggère que l'habitat du Bronze Moyen était déjà solidement implanté, ce qui est confirmé par l'existence de niveaux plus anciens.
Sur un plan architectural,
on observe une grande variété dans les types de constructions, allant
de structures apparemment précaires à des
réalisations beaucoup plus imposantes (maison du Canal...), en passant par des aménagements collectifs, comme le chemin de rondins.
Ces différents aménagements sont le reflet de comportements sociaux (individuels ou collectifs), qui sont d'un intérêt central pour
l'étude de cette période.